Le nouveau documentaire d'Inoxtag, Kaizen, a fait l'effet d'une bombe dans le monde du cinéma et sur les réseaux sociaux. Sorti le 15 septembre, le film retrace l'ascension de l'Everest par le jeune YouTubeur. Une histoire de réussite, certes, mais qui il n'a pas non plus manqué de susciter la polémique. Entre admiration et critiques acerbes, Kaizen divise !
Le youtubeur bafoue la chronologie des médias
L'un des points les plus controversés autour de Kaizen concerne la Chronologie des médias en France. Cette loi, mise en place pour protéger l'industrie cinématographique, impose un calendrier strict pour la diffusion des films après leur sortie en salle de cinéma. En général, un film doit attendre :
- 4 mois au minimum avant d'être disponible sur support physique (comme les Blu-Ray) ou en VOD (vidéo à la demande avec paiement à l'act, comme sur Amazon)
- 8 à 17 mois avant d'être diffusé sur une chaîne TV payante (comme Canal+)
- 22 mois avant d'être diffusé sur une chaîne de télévision en clair (comme TF1)
- 30 à 36 mois pour être accessible sur une plateforme de streaming (comme Netflix)
- 44 mois avant mise à disposition en vidéo à la demande gratuite (comme sur YouTube)
Or, Kaizen aurait violé ces règles. Le documentaire a été projeté au cinéma le 15 septembre 2024, rassemblant plus de 360 000 spectateurs lors de sa séance unique, puis mis en ligne gratuitement sur YouTube le 16 septembre 2024, où il cumule plus de 25 millions de vues jusqu'à ce jour (samedi) et il est prévu pour une diffusion sur TF1 le 8 octobre 2024. Cette rapidité de diffusion a provoqué un tollé dans le milieu du cinéma, certains professionnels dénonçant une concurrence déloyale et un non-respect des règles établies.
Les conséquences pourraient être lourdes pour Inoxtag. En effet, la violation de la chronologie des médias peut entraîner des sanctions financières et juridiques. Cependant, certains estiment qu'un procès pourrait avoir un effet désastreux pour le milieu du cinéma, qui risquerait d'être perçu comme « antijeunes » et réfractaire aux nouvelles formes de diffusion.
Critiques et controverses autour du documentaire d'Inoxtag
Le succès enregistré par le documentaire d'Inoxtag, de son vrai nom Inès Bennazouz, est phénoménal en France ; du jamais vu. Toutefois, un revers de médaille se dresse devant le jeune homme de 22 ans vu que de nombreuses critiques et controverses ont alimenté la Toile depuis une semaine.
Les sherpas pas assez mis en valeur
L'une des principales critiques adressées à Inoxtag concerne l'utilisation des sherpas, ces guides de haute montagne indispensables pour les ascensions de l'Everest. Une photo montrant l'alpiniste juvénile souriant aux côtés de son équipe, avec un sherpa portant plusieurs sacs, a déclenché une vague d'indignation.
Certains accusent le YouTubeur de ne pas mettre suffisamment en lumière le rôle crucial de ces travailleurs locaux et même de les exploiter. Bien que leur rémunération soit avantageuse par rapport au salaire moyen népalais, près d'un tiers des morts sur l'Everest sont des sherpas.
Inoxtag a répondu à ces critiques dans une interview, affirmant qu'il avait « le plus grand respect pour les sherpas » et qu'il avait essayé de montrer leur importance dans le documentaire. Il a ajouté : « Sans eux, cette aventure n'aurait pas été possible. Ils sont les véritables héros de l'Everest ». Cependant, pour beaucoup, ces déclarations ne suffisent pas à effacer l'image de l'exploitation perçue.
De plus, le débat s'est intensifié avec les témoignages de certains sherpas qui ont exprimé leur frustration face à la manière dont ils sont souvent traités par les alpinistes étrangers. Ils soulignent que, malgré une rémunération relativement élevée, les dangers qu'ils affrontent quotidiennement ne sont pas suffisamment reconnus ni compensés.
La pollution de l'Everest encore trop peu abordée
Le manque de reconnaissance envers les sherpas est loin d'être l'unique point regretté par les personnes ayant visionné le documentaire du YouTubeur français. Les quelques secondes où le point « écologie » a été abordé ont été jugées insultantes. Le documentaire évoque brièvement les conséquences environnementales de la surfréquentation de la montagne, mais pour beaucoup, le sujet est trop occulté.
En effet, les grimpeurs, pour ne pas s'encombrer, laissent souvent leurs déchets sur place, transformant l'Everest en véritable décharge. Chaque année, des tonnes de déchets sont abandonnées sur les pentes de l'Everest ; bouteilles d'oxygène, restes de tentes, emballages plastiques et même des excréments humains jonchent les chemins empruntés par les alpinistes. En juin 2024, une vidéo publiée par le guide Tenzi Sherpa montrait le Camp 4 situé à 7900 m d'altitude recouvert de détritus, suscitant une indignation mondiale.
Inoxtag a-t-il réalisé un documentaire très égocentré ?
D'autres critiques pointent du doigt l'égocentrisme du documentaire. Pascal Tournaire, alpiniste et photographe, décrit Kaizen comme un film « très égocentré » sans véritable exploit. Inoxtag prône la déconnexion et le dépassement de soi, mais certains voient une incohérence entre ce message et son statut de star d'internet.
@gorillatms
À ces accusation, Inoxtag affirmera que son intention était de partager une expérience personnelle inspirante. « Mon but était de montrer que chacun peut se dépasser et réaliser ses rêves, peu importe les obstacles », a-t-il déclaré dans une interview. Cependant, cette justification n'a pas convaincu tout le monde. Pour certains, le documentaire manque de profondeur et se concentre trop sur la personnalité d'Inoxtag plutôt que sur l'exploit collectif de l'ascension de l'Everest.
Le coût exorbitant de l'expédition, estimé à 50 000 euros par personne, rappelle également une forme de marchandisation de l'Everest. Cette somme inclut les permis, l'équipement, les guides et les sherpas, mais elle souligne aussi l'accès limité de cette aventure à une élite financière. Beaucoup voient dans cette commercialisation une dénaturation de l'esprit d'aventure et de découverte.
Alors, selon vous, chef-d'œuvre ou caprice de star ?